Page:Dupré de Saint-Maur - Anthologie russe, 1823.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

(5)
Les ailes des hiboux, la peau des noirs serpents

S’entrelacent autour de leurs casques brillants;

Couverts du poil des ours, et des rennes timides

Que leurs traits ont percés sur ces roches arides,

Ils cuirassent leur sein créé pour les combats

De cailloux et de fer rougi par les frimas.

De larges coutelas, et la pique guerrière

Arment ces deux Chamans bannis de leur chaumière (2),

Deux magiques tambours à leurs pieds sont placés (3),

Et ces âpres accents sont par eux prononcés.

LE VIEILLARD.

Mugis, Irtisch, mugis, partage nos alarmes;

Dans tes antres profonds répète nos adieux.

Nos foyers envahis pour nous n’ont plus de charmes ;

Nous sommes à jamais rejetés par les dieux.

LE JEUNE HOMME.

Ô douleur inconnue, ô mortelles alarmes,

Sommes-nous à jamais rejetés par les dieux?

LE VIEILLARD.

Ô terre qu’aujourd’hui la fortune abandonne,

Trois grands peuples jadis soutenaient ta couronne (4);

Riche par tes forêts, ton fer et tes coursiers,

À la voix du danger, terre illustre et féconde,

De ton sein jaillissaient des torrents de guerriers;

Ton nom, de bouche en bouche, aux limites du monde