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« Il est un noir abîme où la lumière ne pénétra jamais ; c’est là qu’habite l’athéisme, source de tous les maux ; c’est là qu’il règne entouré des ondes du Styx ; il s’abreuve d’un poison bouillant, il se nourrit de reptiles. Ses pensées infernales ont imprimé sur son front ridé, les soucis, le chagrin, les ténèbres ; l’envie qui sans cesse le dévore jaunit ses traits ; il porte dans sa main une coupe envenimée ; quiconque la touche de ses lèvres, conçoit pour toute la nature une haine éternelle. Il guide la main des écrivains impies ; il enivre de poison leurs cœurs de rocher, et leur commande d’exhaler contre le Créateur l’injure et le blasphême. Couvrant d’un air affable ses perfides projets, il n’épargne ni la naissance, ni le sexe, ni le génie ; nuit et jour il ébranle les fondemens du bonheur social ; il est ami de l’anarchie, ennemi de l’ordre et de l’intérêt des peuples ; il sème partout des misères, et n’est jamais rassasié de forfaits. »

Le monstre pâlissant à la vue de la croix victorieuse qui s’avance vers les murs de Kazan, va dans leurs antres brûlans soulever contre les Russes, les esprits infernaux ; les crimes accourent devant lui ; la noire vengeance apparoît en exhalant des flammes. Ensuite, remontant sur les régions terrestres, il se glisse dans les forêts qu’habitent des peuples aux visages farouches, aux cœurs sanguinaires. Ces hordes ténébreuses sont appelées Zavolgienes. L’athéisme d’une voix rugissante les convoque sur les bords du Volga ; les esprits de l’abîme dont il a réveillé les fureurs, ordon-