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« Oh ! que mon sang soit le dernier ! »
Dit-il à son heure suprême.

Offrons à Dieu le sang des morts
De cette terrible hécatombe,
Et que la haine et les discords
Soient scellés dans leur tombe !

La faim aux quartiers populeux
Est une horrible conseillère ;
Le lion, que brûlent ses feux,
Rugit et quitte sa tanière.
Un peu d’or dans l’ombre semé,
Un flambeau de pourpre qui brille,
Font sortir tout un peuple armé
Quand le pain manque à la famille.

Offrons à Dieu le sang des morts
De cette terrible hécatombe,
Et que la haine et les discords
Soient scellés dans leur tombe !

Ce n’est pas sans avoir saigné
Que notre capitale est sauve ;
Grâce aux canons, l’ordre a régné,
On a traqué la bête fauve.
La mort a souillé l’eau des puits,
Des ruisseaux et de la rivière.
On n’a fait que peupler depuis
Les cachots et le cimetière.

Offrons à Dieu le sang des morts
De cette terrible hécatombe,
Et que la haine et les discords
Soient scellés dans leur tombe !

Il ne reste, après ce grand deuil,
D’autre profit de la bataille,
Que des frères dans le cercueil
Et des prisonniers sur la paille.