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LES JOURNÉES DE JUIN


CHANT FUNÈBRE


1848


 
La France est pâle comme un lis,
Le front ceint de grises verveines ;
Dans le massacre de ses fils,
Le sang a coulé de ses veines ;
Ses genoux se sont affaissés
Dans une longue défaillance.
O Niobé des temps passés,
Viens voir la douleur de la France !

Offrons à Dieu le sang des morts
De cette terrible hécatombe,
Et que la haine et les discords
Soient scellés dans leur tombe !

Quatre jours pleins et quatre nuits,
L’ange des rouges funérailles,
Ouvrant ses ailes sur Paris
A soufflé le vent des batailles.
Les fusils, le canon brutal
Vomissant à flots sur la ville
Une fournaise de métal
Qu’attisait la guerre civile.

Offrons à Dieu le sang des morts
De cette terrible hécatombe,
Et que la haine et les discords
Soient scellés dans leur tombe !

Combien de morts et de mourants,
Insurgés, soldats, capitaines !
Que d’hommes forts dans tous les rangs !
Peut-il rester encor des haines ?
Le pasteur tendant l’olivier,
D’une balle est atteint lui-même :