Les moutons mouraient de la peste,
Et tout le troupeau s’en allait,
Les larrons s’acharnant au reste.
Si vous êtes vingt amoureux,
Dix tourtereaux, dix tourterelles,
Par des prestiges ténébreux
Il désunit vos blanches ailes ;
Il pipe les dés au joueur,
Vous dupe avec des amulettes,
Vous trompe avec une lueur :
C’est le grand noueur d’aiguillettes ;
C’est ce qu’on nomme le malheur.
LA SIBÉRIENNE
Nous rentrons dans l’âge de fer :
Bourreau, fais l’apprêt du supplice !
Liberté, bon droit et justice,
Ne sont plus que des mots en l’air.
Nos pères croyaient voir l’aurore
D’un âge libre et florissant ;
Ils ne voyaient qu’un météore
Chargé d’une vapeur de sang.
Adieu patrie
Et liberté !
Ce qui n’est pas décapite
Est fouetté
Vers la Sibérie.
Eh quoi ! tout un peuple oserait
Se dire libre sur la terre !
Et faut le contraindre à se taire,