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La France dort, mais n’est pas morte,
Elle a des sursauts en dormant.
Le fruit divin que son flanc porte
Va mûrir pour l’enfantement.

La liberté, cette vierge féconde,
Vous voudriez l’étouffer au berceau
Et que son nom fût effacé du monde,
Vous l’attaquez dans Voltaire et Rousseau ;
Et, malgré vous, quand l’univers l’adore
Et la connaît pour la fille de Dieu,
Vous essayez de la trahir encore,
Sur l’habit noir endossant l’habit bleu.

La France dort, mais n’est pas morte ;
Elle a des sursauts en dormant,
Le fruit divin que son flanc porte
Va mûrir pour l’enfantement.

Quatre-vingt-neuf avait brisé nos chaînes ;
Mais les cadets sont bien loin des aînés !
L’or et la peur sont le mors et les rênes
Qui nous tiendront désormais bâillonnés.
Plus d’union, rentrez chez vous tout morne ;
Isolez-vous dans la terreur des lois ;
Donnez-nous donc pour enseigne une borne :
De nos drapeaux s’enfuit le coq gaulois.

La France dort, mais n’est pas morte ;
Elle a des sursauts en dormant.
Le fruit divin que son flanc porte
Va mûrir pour l’enfantement.

Quelques suppôts de la sainte alliance,
Et des vendus, dans le temple introduits,
Ô liberté, sont-ils toute la France ?
Ils sont à peine un hameau dans Paris.
Que l’heure sonne ! et la France lassée
Effacera leurs œuvres et leurs noms.
Un peuple entier, mû par une pensée,
Peut d’un veto désarmer les canons.