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À l’allaiter d’abord, à le sevrer ensuite,
À l’endormir au bruit de ces vieux airs sans suite
Dont la simple cadence et le refrain pareil
Sur les yeux des enfants attirent le sommeil.
Pendant qu’il sommeillait, cette mère si tendre,
Le contemplait encor, ne pouvant plus l’entendre,
Et suivait de son cœur le mouvement léger.
Les parfums que répand la fleur de l’oranger,
Quand sa corolle s’ouvre aux baisers de la brise,
Auraient été moins doux à cette mère éprise
Que le souffle exhalé de ces lèvres d’enfant.
Elle s’extasiait et, d’un air triomphant,
Semblait dire : « Voilà ce dont je suis maîtresse,
« Nul ne peut arracher mon fils à ma tendresse ;
« Le ciel me l’a donné doux et beau comme il est ! »
Et, croyant voir en lui quelque divin reflet
Des rayons dont au ciel resplendissent les anges,
Elle s’agenouillait, elle écartait ses langes,
Hésitait, et pourtant finissait par oser,
Sans troubler son sommeil, lui ravir un baiser,