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Pourquoi faut-il troubler les célestes accords,
En assujétissant ces esprits à des corps ?
Un artiste eût choisi, pour dépeindre cet ange,
Ce qu’on voit de plus pur dans la jeune phalange
Qui se presse, aux grands jours, dans le temple chrétien :
La vierge aux yeux baissés, au modeste maintien,
Reine, sans le savoir, de ses jeunes compagnes,
Comme le lis est roi des fleurs de nos campagnes…
Une simple tunique aux plis longs et décents,
Des traits purs où l’esprit semble vainqueur des sens,
Un front qui s’embellit d’une teinte de rose,
Dès qu’un regard profane ou curieux s’y pose,
Ces ailes qu’on emprunte aux plus blancs des oiseaux,
Aux chantres d’Ionie, aux cygnes, rois des eaux,
Enfin, comme attribut de la pudeur craintive,
À vos pieds fleurissant, une humble sensitive,
Ne sauraient vous dépeindre, ange de chasteté,
Un ange seul pourrait dire votre beauté !