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« Cet arbre ploie encor sous le poids de son fruit.
« À ses rameaux touffus enlacez-vous sans bruit ;
« Pour que d’Adam et d’Eve il imite la faute,
« Abaissez jusqu’à lui la branche la moins haute,
« Et, de peur qu’il ne soit contre vous prévenu,
« Offrez à ses regards le beau fruit inconnu,
« Le soleil traversant les branches entr’ouvertes,
« Sous un rayon doré, parmi des feuilles vertes.
« Vous qu’en leurs visions et dans leurs songes creux
« Des insensés ont vu sous les dehors affreux
« De loups hurlant dans l’ombre et cherchant leur pâture,
« De monstres dont l’aspect répugne à la nature,
« Pour le captiver mieux, noirs démons, empruntez
« Leur forme enchanteresse aux terrestres beautés,
« Et ne choisissez pas les allures infâmes
« De celles dont le vice a desséché les âmes :
« Prenez l’air simple et doux des vierges au front pur
« Dont la pensée est peinte en des regards d’azur
« Et dont la chasteté se lit et se devine
« En des traits où respire une grâce divine.