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Gardant après sa chute un air de majesté,
Comme un cèdre géant par la foudre heurté,
Tint aux autres esprits ce langage superbe :
« Rivaux du Créateur, de l’Esprit et du Verbe,
« Vous qui leur disputez les œuvres de leurs mains,
« Les fruits de leur amour, les âmes des humains,
« Écoutez ! Il va naître un enfant de génie,
« Pour le perdre épuisez votre astuce infinie.
« Sa mère veut qu’il soit un céleste instrument ;
« Mais je jure (et l’abîme à cet affreux serment
« Retentit jusqu’au fond de ses cavernes sombres),
« Je jure par nous tous qui régnons sur les ombres,
« Par nos fronts sans couronne et nos bras enchaînés,
« Par le sublime orgueil qui nous a détrônés,
« Par la soif de vengeance en nos seins allumée,
« Quand ce gouffre béant engloutit notre armée,
« Par le feu qui nous brûle et par l’éternité,
« Que l’espoir de sa mère est un fruit avorté.
« Son fils s’enrôlera dans la sombre milice ;
« Il combattra pour nous comme un vaillant complice,