« Ou, dussé-je mourir de ce bonheur suprême,
« À mes faibles regards, ange, apparais toi-même !… »
Oh ! non… ne change pas mon humble argile en or,
Et ne m’enlève point dans un sublime essor.
Apprends-moi seulement quelle lutte s’engage,
D’un côté par l’amour, de l’autre par la rage,
Pour perdre ou pour sauver ces cœurs nobles et grands,
Dont tant de passions deviennent les tyrans
Qu’on les a vu souvent détester leur génie
Pour l’acheter au prix de tant d’ignominie.
Oh ! dis-moi par quel soin, par quel effort constant,
Tu sais les dérober aux piéges que leur tend
Celui qui fut ton frère et dont l’aveugle haine,
Ne pouvant rien sur toi, s’irrite et se déchaîne
Contre ceux des mortels qu’il voit prédestinés
À régner sur son trône, en son lieu couronnés.
De tes charbons ardents touche ma lèvre impure
Pour qu’il n’y reste pas l’ombre d’une souillure ;
Mais ne me force pas à louer le Seigneur
Ainsi que Balaam, en dépit de mon cœur :
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