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10 LES DEUX ANGES. Pour l’homme que l’esprit de malice dévore, On peut le comparer au sanglant météore Qui le soir se levant aux yeux du laboureur Le fait rentrer chez lui tout pâle de terreur. Regard sur le passé. Mais quel rude fardeau pour mes faibles épaules ! Qu’est devenu le temps où, chantant sous les saules. J’avais pour confident le seul écho des bois Qui, sans blesser mon coeur, se raillait de ma voix ? Je ne redoutais pas la foule et ses risées, Qu’un artiste jamais n’a vraiment méprisées. Alors je travaillais sans songer, au hasard, Et, sans sacrifier à l’idole de l’art, Je pétrissais l’argile ou sculptais des troncs d’arbre. Maintenant on me dit : fais respirer le marbre, Jette au feu ton argile et tes hêtres taillés Si lu ne veux point voir ces chefs-d’oeuvre raillés.