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Il ambitionnait le sort de ces poètes,
Pleins d’aspirations et d’ardeurs inquiètes
Qui s’étaient élancés hardis à l’horizon,
Argonautes cherchant l’immortelle toison,
Et, ne pouvant comme eux affronter les abîmes,
Il tombait à genoux et disait sur les cimes :
Révélez-moi, Seigneur, la splendide clarté
Que les autres ont vue au rivage écarté ;
Laissez-moi deviner et pénétrer les choses
Qu’ils savent, et pour qui nos paupières sont closes.
Oh ! faites que je voie, et qu’en chantant comme eux
J’embrâse en votre nom les cœurs des mêmes feux !
Les cieux se déroulaient comme d’immenses toiles ;
Les abîmes d’azur s’irradiaient d’étoiles ;
Les vallons restaient seuls dans leur obscurité,
Les astres effleurant d’un reflet argenté
Les contours indécis des monts et des collines ;
Les murmures des eaux s’élevaient des ravines ;
La rosée et l’air pur descendaient des hauteurs,
Et la terre exhalait d’ineffables senteurs.