118 LES DEUX ANGES. Qu’elle laisserait choir s’il était inutile , Ou qu’elle briserait s’il devenait hostile. Elle ne pensait pas que ce naissant orgueil, Qu’elle pouvait alors contenter d’un coup d’oeil, Grandirait à ce point que le petit poète Se croirait digne un jour de sa haute conquête. Deux ambitions aux prises. Eve n’était pas femme à subir un vainqueur ; Et quand Emmanuel vint pour prendre son coeur, En élevant la voix et d’un air d’Alexandre, La superbe essaya de le faire descendre ; Mais l’orgueilleux tint bon ; en vain l’on réunit, Quand ils sont grands et forts, deux vautours dans un nid ; Il faut à deux vautours deux nids et deux contrées. De deux ambitions qui se sont rencontrées, Il faut que l’une cède, ou bien l’on combattra ; La lutte sera vive et le sang coulera.