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BELZÊBUT.

1846.

Un pèlerin de vingt ans, beau, mais triste,
Le front baissé, le bâton à la main ,
Marchait dans l’or, la pourpre et l’améthyste
Dont le couchant inondait le chemin.
Il méditait sur l’humaine souffrance
Dont son cœur jeune avait connu le poids ,
Et de sa plainte ou de son espérance
L’écho lassé murmurait dans le bois :

  Le monde subit la torture
   Du pouvoir infernal,
  Le bien est l’esclave du mal ;
 Et cependant la clémente nature
 Parle d’amour à toute créature
  De la montagne au fond du val .

Sur Un cheval aux prunelles sanglantes,
Noir, et brillant d’écarlate et d’or pur,
Un homme passe aux mains étincelantes.
Au manteau sombre, au regard fauve et sûr ;
Comme un torrent se creuse une ravine,
Un grand chagrin a sillonné son front.
« Allons,» dit-il au piéton qui chemine,
«Viens avec moi, monte encroupe etsois prompt !

 Le monde subit la torture
  Du pouvoir infernal ,
 Le bien est l’esclave du mal ;
Et cependant la clémente nature
Parle d’amour à toute créature
 De la montagne au fond du val.