Lorsque je fais halte pour boire,
Un brouillard sort de leurs naseaux,
Et je vois sur leur corne noire
Se poser les petits oiseaux.
S’il me fallait les vendre,
J’aimerais mieux me pendre.
J’aime Jeanne ma femme, eh bien ! j’aimerais mieux
La voir mourir que voir mourir mes bœufs.
Ils sont forts comme un pressoir d’huile,
Ils sont doux comme des moutons.
Tous les ans on vient de la ville
Les marchander dans nos cantons,
Pour les mener aux Tuileries,
Au mardi gras, devant le roi,
Et puis les vendre aux boucheries ;
Je ne veux pas, ils sont à moi.
S’il me fallait les vendre,
J’aimerais mieux me pendre.
J’aime Jeanne ma femme, eh bien ! j’aimerais mieux
La voir mourir que voir mourir mes bœufs.
Quand notre fille sera grande,
Si le fils de notre Régent
En mariage la demande,
Je lui promets tout mon argent ;
Mais si pour dot il veut qu’on donne
Les grands bœufs blancs marqués de roux,
Ma fille, laissons la couronne
Et ramenons les bœufs chez nous.
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