Page:Dupont - Chants et Chansons, t. 1, 1855.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voulez-vous un sentiment à la fois guerrier et moral chez un peuple qui tient à notre sol comme les Pyrénées qu’il habite, chez les Basques ?

Il y eut en Biscaye un chef très brave nommé Lelo ; sa femme est séduite pendant qu’il est à la guerre, et le séducteur tue le guerrier à son retour. L’indignation produite par ce crime se traduit en un refrain qui commence les chants nationaux des Basques :

« Ô Lelo ! Lelo est mort ? Les étrangers de Rome veulent forcer la Biscaye ; du côté de la mer, du côté de la terre, ils nous assiègent ; les plaines arides sont à eux : à nous les bois de la montagne et les cavernes. Petite est notre frayeur ; mais, ô notre arche, de pain vous êtes mal pourvue ! Lelo est mort, etc. »

L’amour d’un berger se traduit aussi vif que dans Théocrite dans ce refrain limousin que je traduis et dont je voudrais pouvoir exprimer l’air de musette :

Baissez-vous, montagnes, levez-vous, vallons,
Vous m’empêchez de voir ma mie !

Quels sont les airs qui restent populaires ? Ceux qui réveillent les plus vifs sentiments d’amour, de liberté, d’indépendance, ou qui reproduisent le mieux le calme du foyer, les occupations simples de la vie ; les sentiments nationaux, ceux qui remuent chaque peuple à part ; les sentiments intimes assez vrais pour vibrer dans tous les cœurs purs. Voilà vraiment la source de la poésie et de la musique, cette traduction en langue universelle de tous les idiomes connus.

Je pourrais citer des Allemands, des Espagnols, des Italiens, des Écossais, de tous les peuples enfin, mais puisque c’est à des Français du xixe siècle que je m’adresse :

Légers fuseaux, filez, de la Dame blanche ; Amour sacré de la patrie, de la Muette ; Quand l’Helvétie est un champ de supplices, de Guillaume Tell ; le choral de Luther, dans les