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Fugitives et sympathiques
Comme des regards amoureux.

Le papillon bleu vous courtise,
L’insecte vous perce le cœur.
D’un coup de bec l’oiseau vous brise,
Que guette à son tour l’oiseleur.
Rêveurs, amants, race distraite,
Vous effeuilleront au hasard,
Sans voir votre grâce muette,
Ni votre dernier bleu regard.

Douces à voir, ô véroniques !
Vous ne durez qu’une heure ou deux,
Fugitives et sympathiques
Comme des regards amoureux.

Ô fleur insaisissable et pure,
Saphir dont nul ne sait le prix,
Mêlez-vous à la chevelure
De celle dont je suis épris ;
Pointillez dans la mousseline
De son blanc peignoir entr’ouvert,
Et dans la porcelaine fine
Où sa lèvre boit le thé vert.

Douces à voir, ô véroniques !
Vous ne durez qu’une heure ou deux,
Fugitives et sympathiques
Comme des regards amoureux.

Fleurs touchantes du sacrifice,
Mortes, vous savez nous guérir ;