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L’amour en toi n’est qu’un instinct sauvage,
Errant sans but comme une feuille en l’air ;
Aussi ta vie est un triste veuvage
Où le bonheur ne luit que par éclair.
Sais-tu qu’il faut, passager sur la terre,
Aimer à deux pour revivre après toi.
En outre aimer dans tout homme ton frère ?
L’esprit nous dit : C’est là toute la loi.

Quand la nature verra-t-elle
Ses nombreux enfants réunis,
Troupe joyeuse et fraternelle,
Sous ses rameaux, dans ses doux nids !

La terre est grande et la sève bouillonne
En son flanc vaste au robuste contour,
Comme le vin fermente dans la tonne,
Comme en un cœur d’adolescent, l’amour :
Elle a du lin pour filer une tente
A tous ses fils, et des fruits savoureux
Pour ceux qui, las d’une trop longue attente,
En sont encore à s’égorger entre eux.

Quand la nature verra.t-elle
Ses nombreux enfants réunis,
Troupe joyeuse et fraternelle,
Sous ses rameaux, dans ses doux nids !

Le jour se lève et déchire la brume
Où notre globe était emmaillotté ;
La vieille foi dans les cœurs se rallume,
Tous les esprits tendent à l’unité :
Le matelot sur les vagues hurlantes
Creuse tout droit son sillon vers le port,
Sans s’égarer aux étoiles filantes,
Les yeux fixés sur le pôle du Nord.