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LE SAUVAGE


1846

 
Un jour, lassé de vivre solitaire,
J’aventurai mes pas ambitieux
Sur les chemins qui sillonnent la terre.
Et dont pas un n’aboutit jusqu’aux cieux ;
Je visitai ce qu’on nomme une ville,
Repaire immense où l’homme, mon pareil,
Vit sans ombrage, à l’égal du reptile,
En des rochers calcinés au soleil.

Quand la nature verra-t-elle
Ses nombreux enfants réunis,
Troupe joyeuse et fraternelle,
Sous res rameaux, dans ses doux nids !

Combien ton sort, ô frère ! me chagrine,
Ta nourriture est vile, un air malsain
Râle brûlant dans ta sourde poitrine,
Où toujours dort quelque sombre dessein ;
Le grand esprit qui me parle sur l’onde
Est moins pour toi qu’un morceau de métal,
Tu reconnais pour souverain du monde
L’or que je pêche en mon ruisseau natal.

Quand la nature verra-t-elle
Ses nombreux enfants réunis,
Troupe joyeuse et fraternelle,
Sous ses rameaux, dans ses doux nids !