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MADAME DU DEFFANT.

Deffant (Marie de Vichy Chamrond, marquise du), née en 1697, fut mariée très-jeune au marquis du Deffant, beaucoup plus âgé qu’elle ; belle et spirituelle, elle fut entourée d’hommages ; plus tard sa maison devint le rendez-vous de tout ce qu’il y avait de marquant à la cour, dans la robe et dans la littérature. Dans une correspondance suivie qu’elle entretint avec Voltaire, Horace Walpole, d’Alembert, le président Hénault, etc., elle juge avec un rare discernement les personnages et les productions de l’époque. Devenue aveugle à cinquante-quatre ans, et, comme elle le dit énergiquement, se trouvant plongée dans un cachot éternel, elle n’en conserva pas moins toute la vivacité, toute la grâce de son esprit, jusqu’à sa mort arrivée en 1780. Elle dut être néanmoins bien malheureuse, car elle fut toujours la personnification de l’égoïsme ; elle eut des amis, mais elle fut trop défiante pour sentir elle-même le charme de l’amitié. Un exemple entre plusieurs en sera la preuve : Pont de Veyle était son ami depuis quarante ans ; il logeait chez elle ; il meurt ; elle va le même jour à un grand souper chez madame du Marchais ; on la plaint, on lui parle de l’ami qu’elle vient de perdre. « Hélas ! répondit-elle, il est mort ce soir à six heures, sans cela vous ne me verriez pas ici, » et elle soupa fort bien. — On a de madame du Deffant : Correspondance avec Walpole et Voltaire ; Correspondance avec d’Alembert, le président Hénault, etc.

À HORACE WALPOLE.

Dimanche 17 mars 1771.

J’ai voulu attendre une occasion pour cette lettre ; votre ambassadeur m’a fait espérer qu’il en aurait une demain ; si elle manque, elle partira mercredi par son courrier ;