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UN MONDE

— Le couteau joue donc un bien grand rôle à Nabogame, senor don Luis ?

— Le couteau et le poison et le feu et le lazo, voilà les quatre grandes puissances de cette Bonanza, caballero. Ici, il n’y a point de parenté, point d’amitié, point de bienfaits ; il n’y a que de l’or, de l’envie et de la trahison. Je suis un homme ignorant, mais il me semble que Nabogame est une peinture de l’enfer, et que ce serait un magnifique sujet pour un grand poète.

— Vous parlez un langage bien différent de celui des hommes qui vous entourent, senor don Luis.

— Je vous remercie infiniment de vos bonnes paroles, reprit mon hôte d’un air évidemment satisfait. Je dois vous avouer que quoique je sois sans instruction, ma vie ne s’est pourtant point écoulée un mi-