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se plier avec un tact et une souplesse extrêmes à tous ces revirements. Mais revenons au seigneur don Antonio. Adulé par les négociants, qui tous avaient besoin de lui ; idolâtré de la foule, qu’il grisait régulièrement deux fois par semaine avec de l’eau-de-vie confisquée, il était devenu le roi du port, et l’un des hommes les plus influents du département. On ne parlait plus que de ses talents ; sa générosité était passée en proverbe, et pourtant Antonio n’était pas heureux. Dans les nombreuses fêtes que l’on donnait en son honneur, il apportait un front triste et ne répondait que par monosyllabes à tous les compliments qu’on lui adressait. Il y avait évidemment un mystère dans cette tristesse ; mais quel était-il ? c’est ce que personne ne soupçonnait. Or, ce vilain nuage, qui obscurcissait ainsi un si bel ho-