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de nous, il nous sembla que nous venions de perdre notre meilleur ami.

Le duc, en partant, nous força d’accepter une bague en diamants, qu’il nous fit promettre de vendre, afin d’acheter, avec le prix que nous en retirerions, de nouveaux mulets, pour remplacer ceux que nous avions tués pour faire notre barricade.

— À revoir, mon bien-aimé Antonio, dit-il à mon fils adoptif ; j’emporte avec moi le souvenir des obligations que je vous dois, que je n’oublierai de ma vie… et l’espérance que Dieu, dans sa bonté et dans sa justice, finira par nous réunir un jour à tout jamais.

Deux ans s’étaient écoulés depuis ces événements, dont chaque jour encore nous nous entretenions, Antonio et moi. Mon fils adoptif, toujours aussi studieux, aussi actif, avait perdu sa charmante gaieté.

— Mon Dieu, mon cher Andrès, me disait-il parfois avec un soupir, que je voudrais avoir des nouvelles du due de Ségovie et de sa petite