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des cadeaux, mon cher Andrès ? Est-ce que toute action honnête ne porte pas sa récompense en elle-même ? Ne comptes-tu donc pour rien le plaisir que l’on éprouve en songeant que l’on a fait son devoir ? Quel cadeau me causerait jamais une joie comparable à la gaieté et au bien-être que je ressens quand je suis satisfait de moi-même ? Aucun. Bien des riches sont malheureux, qui n’ont jamais connu, malgré leur opulence, un seul moment de véritable bonheur. Il faut avant tout, pour être heureux, n’avoir aucun reproche à se faire. On ne peut être content de sa position, quelque belle qu’elle soit, qu’à la condition de commencer par être content de soi-même !

Ces réflexions de mon cher Antonio, quelque justes qu’elles fussent, ne faisaient cependant qu’augmenter mon envie de lui prouver ma satisfaction par ces petits cadeaux qui font tant de plaisir à la jeunesse. Aussi, grande et sincère était ma joie quand je pouvais parvenir, à force d’économies, à lui acheter quelque