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air de convoitise. Lu jeunesse du pauvre fils de madame Urraca décida enfin l’ours ; c’était là, en effet, un repas friand et qu’il ne rencontrait pas tous les jours, une occasion à ne point dédaigner. Il allongea donc sa formidable patte pour saisir Pedro, lorsque Antoine, dans un moment de désespoir suprême, lui lança sa carabine à la tête… L’arme vint justement frapper l’animal en plein museau, c’est-à-dire au seul endroit à peu près qu’il eût de sensible. Cette dernière provocation d’Antoine changea du tout au tout les intentions du monstre ainsi que la position de Pedro. De tous les animaux féroces, l’ours est sans contredit le plus rancunier et le plus susceptible de caractère. Il pousse même la susceptibilité à un tel point que cela a donné lieu à l’histoire suivante. Un ours furieux ravageait un canton de la Suisse : plusieurs chasseurs qui avaient voulu le combattre, avaient été dévorés par lui, lorsqu’un jour un pauvre laboureur, revenant de ses travaux, se trouva nez à nez avec le monstre. La frayeur