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LUCILE.


ÿ. de pas mauvais que yous goûtiez un peu de la nourriture

£ ‘ce pauvre peuple que vous avez si longtemps pressuré !

— Je te demande comme nous avons jamais pressuré le

© peuple, me dit Auselwe en haussant les épaules, Vraiment, ces gens-là ont un jargon bien ridicule!

Vers la fin du repas, administrateur Dergot, voulant jouir de son triomphe, vint nous trouver; il purcourul toutes les tables, un sourire ironique sur les lèvres, et nous inter- rogea sur la façon dont nous nous lrouvions, Tous les déte- nus auxquels il s'adressa Jui répondirent avec une modé tion de langage qui parut le mécontenter, Aussi, en s'éloi- gnant, s'adressa-1-il d'un ton bourru au lraiteur chargé de notre nourrilure, el qui se nommait Perinal,

— Citoyen Perinal, fai dit-il, il est incontestable que tu empoisonnes fort copsciencieusement les prisonni lu as raison, el je l’approwse : ces gens ont besoin d'être menés révolutionnairement.

Bergot, après avoir prononcé ces cruelles parales, se re- louroa vers nous el pous regarda d'un air moqueur, s'attea- dant sans doute à ce que nous relèverigns le gant * personne de nous ne prononça une parole, et il s'éluigna alors sans pouvoir Cachersa mauvaise humeur !

Quelle close #ingulière que cet instinct spontaaé et #ÿIDe pathique, qui donne à une foule de gens, se connaissant 4 peine, une seuleet méme pensée, une unique volonté, Noys avious Lous compris -que l'intenlion de Berzot était de nous pousser, par l'insülte et Ja cruauté, à quelque acte de rébel- lion ou de violence, et nous comprenant sans nous euten- dre, pas un seul n'élait tombé daus le piéze.

Une fois le repas 1erminé, el quand nous fûmes retournés dans nos chambres-et dans les corridors, le lrio des nou- veaux inséparables, Mauini, Coquery et Jobert, commença à tenir des propos d’une violence inoute, prétendant que nous devions repousser par la force les insultes qui nous étaient faites, et ne pas rester plus longtemps dans une lâche ingc- tion qui nous déshonorait.

— Ces geus ne savent pas du tout jouer leur rdle, me dit Anselme; 1e doute fort qu'ils parviennent, avec les grossiers

ladroits moyens qu'ils emploieut, à compromettre un seul de nous!

— Tu pourrais Le tromper, lui répondis-je. Par le temps qui court, une dénonciation compromel loujonrs.

Le lendemain, il ne nous fu plus perwis de concevoir le moindre doute sur l'intention qu'avait eue la veille l'adu pislrateur Bergol, de nous pousser à commellre un acte ré- préhensible de violence, lorsque nous viwes son collegue Grepin continuer le mênie manége. qué lui à

— Cette persistance à nous conduire à la rébellion m'é-

ouvante, dis-je à Anselme, elle me prouve que l'on rame contre nous de sinisires projets

Hélas! mes prévisions ot que trop fondées; nous nous trouvious à da veille &'un déluge de sang.

Larveille du-jour xé par Anselwe pour patre évasion,

celui-éime prit à l'écart, et, sprès.s'éue bien assuré que persoune ne nous observalt vie nous écoulait : Mou ami, me dit-il, demain tuélin vous serons libres où géillotinés 2as-tu quelques demandes à m'adresser, quel- ques ‘objections à me faire avant que gous ne lutions d'aventure? Si, par hasard. la réflexion a refroidi lon “enthousiasme, awolli lon courage, on montré sous un jour nouveau et défavorable le plau que je l'ai soumis ne Le gène pas, je leu conjure, pour Le refuser à 1e sui vre Mob plus grand regret, :et ce regret me rendyail, la mort affreise, serait de t'ealraîner das ma chute en dépit de ta volonté. Il -ne s'agit ici, pi de l'asso-jer, par cou plaisance ou par ‘amitié, 2 wes projels, wais bien d'exa- miner froïdement ces projets, el de ne concourir à leur aç- complissement qu'autant qu'ils Le parailroni susceplibles de réussite.

— Je te remercie beaucoup, mon brave Anselme, lui ré- pondis-je, de ta sollicitude à tmon égard. Je ne Le cacherai

autre délenu que Loi eût proposé de mé vec lui, je n'aurais pas Bésilé au moment àde cefu ser, Gegendant, ce n'est nullement par complaisance ou par


amilié, comme lu parais le craindre, que je me suis déter- miné à parlager les dangers de ton entreprise : je le suis, parce que j'ai confiance dans la force, dans ton üdresse et dans ton courage ; parce que la rare énergie ie donne un:


confidence que Lu m'as faite, Rien ne décourage un homme, exposé à un péril immi-

nent, comme SIporer { Île est positivement la valeur de M ances bonnes ou mauvaises qu'il possède W*

ce péril, et Jes cl pour ou contre lui, Veux-tu me permeltre de L'adresser quel- | ques questions ?

— Mais certainement, je ne demande pas mieux! Parle à cœur ouvert, cher ani, Nous sonunes, à présent, trop près du dénouement pour avoir à redouter une indiserétion. bien! je désire vivement que &u veuilles bien L'ap- pesantir sur certains détails, D'abord, comment as-la fait pour scier le barreau de fer de la fenêtre sans éveiller l'at- lention des nombreux gardiens ? —

— Al! cher ami, c'est un fuit accompli, et fl est inutile que je perde mon temps à je raconter cè que j'ai dù dé- ployer de ruse et de patience pour arriver ay résullat ob- tenu.

— C'est juste. J'arrive à des objections plus sérieuses. Ju sais que lous les soirs nous sommes reufermés, à que l'on mous a appelés et complés, dans nos chambre:


res- pectives, Comment ferons-nous donc, une fois la nuit ve- nue, car je ne crois pas que tu aies Liutention de l'évader en plein jour, comment ferons-nous done, une fois la nuit venue, pour noys rendre à la fenêtre située dans le corri-

dor? J'avoue qj répouse.

— Tu as raison, Je l'apprendrai done, cher ami, que-je suis parvenu à détacheræn partie les crans qui retiennent les verrous, de Façon qu'au môyen d'une forte pression je suis certain de/faire céder la porte. ù

— Alors, c'est différeut, et je n'insiste plus ; je ne me dis- simule pas que nous jouons une partie excessivement dan gereuse, que nous avons Contre nous dix mauvaises chances contre une seule bonne ; mais enfin le principal est que nous possédions celle bonne chance et que nous ne-nous heur- Lions pas coutre-gue ippossibililé, À présent, crois-lu que Manioi, Jobert et Coquery ne se doutent pas jet? Quant à moi, je ne scrais nullement étonné que de: lonstemps déjà les guichetiers eussent découvert le bar scié.

e celle explication me semble mériter une


Ab bien, merci! s'ils avaient fait cette belle décou- ? verie, DOus aurions eu un fier lapage!

— ‘Yelle n'est pas mon opinion. La méchanceté poussée à ses dernières limites donue presque de l'esprit, Qu te dit que nos bourreaux ne préfèreul pas au contraire nous lats- ser accomplir à moilié notre projet, afin de nous prondre flagrante delicto, ce qui leur donnera le-droil de séyi nous prévenir avant qu'il y ait eu un commpacemens d'exé- culian? bem.

— ‘ia réflexion ne manque nullement, je dois en convenir, de justesse; loutofois, lu 'avoueras qu'elle. peut s'appli- Guer à tout prujel d'évasion, Si nous nous laiss par de pareilles ntes, nous spmies ipdignes de combat- tre pour 1econquérir noire liberté.

— Aussi, n'est-ce ps uye objection, mais bien une sim- ple observation que je mue permets: je perse toulefuis que si uous parvepoys à nous procurer Ales grmes,,

mr Où! quaal à cela, dit Anselme en m'igterrompant, Lu seras saisfait. Je Le remellrai, au derpier moment, une branche de conipas que j'ai soigneusement eaupauchée, et qui peut servir fort agréablement de poig: ard..…

— Je te remercie, Et toi, auras-1u aussi un poignard?

3 ai pas besoin. J'ai mieux que cela}

? une baonuele? Fe

— Les chenets eu ler que je dois Ji°r dans le drap et jeter dessus ce mur, Deux ceuts.livres de y, rjen que cela, de pareils moyens d'attaque, À faudrait


— Moi! je — Quoi donc


pa s Tu convois qu'avec

8 chance de succès qu'aueur autre associé, exceplé Loï, ne F 4 pu m'offrir, Seulement, je désire que lu veuilles bien co. pléter, par quelques nouvelles eL dernières explications, Le Ve