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LUCILE.


Toutefois, j’élais dans un {el état de surexcitation et de Tage, j'éprouvais un tel besoin d’aclion, que, pour ne pas

rdre de temps, et pendant qu'Anselme replaçail échelle, je donnai ün furieux coup de pioche sur le plancher, qui, peu solide et déjà entamé par nos premiers lravaux, s'ou- vril sous celte vinlente secausse.

Alors, sans réfléchir, sans me rendre compte de ce que je faisais, je saisis on fusil et, passant le canon à travers celle meurtrière improvisée, je fis feu : un chouan tomba.

— Parbleu ! tu as eu là une idée! s'écria Anselme en atti- rant de nouveau l'échelle à lui, A mon tour!

Une nouvelle détonation retentit et un second chouan roula par terre,

— A toi, à présent, me dit mon compagnon; pendant ce temps-là je vais recharger mon arme.

Je ne me fis pas répéter cet ordre; ce fut avec bonheur que je fs feu de nouveau,

Les chouans, aussi surpris qu'épouvantés de celte attaque Re ils ne pouvaient s’allendre, s'empressèrent d'a- bandonner le théâtre de leurs abominables exploits et de prandre la fuite : nous restämes maitres du champ de ba- taille.

— À présent, complétons notre victoire par une vigou- reuse sortie, me dit Anselme. Ces bandits, frappés de stu-

peur, n'oseront jamais nous résister, et nous allons les mas- sacrer tous,

En eflet, deux minutes plus tard, nous nous lançions à la poursuile des chouans avec une ardeur el une impéluosité que le lecteur, en songeant à notre indignation, comprendra Sans peine.

Malheureusement, nous ne connaissions pas le pays, et les assassins avaient sur nous l'avance, Un seul d'entre eux, qui s'était démis le pied en aët, Lola entre nos mains, Auselié lui fendit d'un coup de sabre la léte en deux,

— Ah! mon Dieu, et Lucile ? n° en sougeant seu- lement alors à notre infortunée compagne, car celle scène, Qui s'était passée en vingt fois moins de temps que je n'en

Vs,


mets à la raconter ici, ne nous avait pas laissé assez de pré- sence d'esprit pour réfléchir : — qu'est-elle devenue ?

Anselwe, à mon exclamation, s’arrèla court au beau mi- lieu de son élan, et se retournant vers moi, il me dit froide- ment :

— J'ai promis à celui qui a confié Lucile à ma garde de la défendre jusqu'à la mort! Si ces brigapds l'ont tuée, je mue brlerai la cervelle ! Retournons.

A peine avione-nous fait une centaine de pas dans la direc- tion de la ferme que nous nous trouvâmes face à face avec la charmante jeune femme dont le sort nous inquiétait si

eà peuser la joie profonde que nous causa


je, nous n’espérions plus vous vante ! béni soit Dieu qui a conservé vos jours. Mais nous, je vous prie, comment il a pu se faire que chappé à cette épouvantable çatastrophe? ou bien simple, me répondit-elle, les chouans

à la chambre où je reposais, — Cependant la fermière n’était-elle pas couchée près de

vou

— Non, la pauvre femme m'avail abandonné, pour ne pas ne déranger, sa chambre en entier! Mais, continua vi ment Lucile, nous causons tandis que l'infortunée se meurt. £ourons, s'il en est temps encore, à son secours !

Hélas! lorsque nous arrivames à la ferme, la malheureuse Bretonne ressentail déjà le räle de l'agonie : au premier re- gard que je jetai sur elle, je vis qu'elle était perdue. Tout fois, aidé d’Anselme, je lui prodiguai tous les secours p.


bles; une demi-heure plus tard, elle rendait le dernier sou- pir entre nos bra Rien ne nous retenant plos, nai

is maudils, el nous


abandonnâmes ces lieux us relirämes, pour attendre le

déjà parlé et qui se trouvait

placée à taine de pas de la ferme. N'usant allumer notre lanterne de peur d'attirer l'attention de l'ennemi, si, remis de sa panique, il revenail sur sés pas, nous nous Le-

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