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sard ?… Ces meubles auront été achetés en Espagne par quelque voyageur mexicain qui les aura transportés plus tard dans son pays !… N’importe, ce hasard est bien merveilleux ! Du reste, je comprends et je m’explique l’impression extraordinaire qu’a dû me causer la vue de ces objets qui jadis ornaient la chambre de Carmen ! Retrouver cette Vierge et ce prie-Dieu chez Antonia !… Comment se fait-il qu’elle ne m’ait jamais parlé de cela jusqu’à ce jour ?

Le Batteur d’Estrade fit une nouvelle pause, et, après une dernière et involontaire hésitation, il s’avança vers le Prie-Dieu et s’y agenouilla. L’intention de Joaquin n’était pas d’élever son cœur au ciel, mais seulement de toucher le meuble qui avait jadis si souvent soutenu le corps et reçu les larmes de Carmen !… un coffret d’ébène incrusté d’ivoire, coffret, nous l’avons déjà dit, qui indiquait l’époque de François Ier ou de la renaissance, attira alors son attention.

Pendant plus d’une minute, Joaquin le considéra avec des yeux qui exprimaient à la fois un désir et une crainte ; Puis tout à coup, et comme s’il cédait à une irrésistible et soudaine tentation, il s’en empara avec un geste d’avare sautant sur un trésor.


Il tira son poignard de sa ceinture et fit sauter le couvercle du coffret.

La serrure de ce coffret était fermée. Cet obstacle, au lieu d’arrêter Joaquin, ne fit qu’irriter son impatience. Il tira son poignard de sa ceinture et fit sauter violemment le couvercle du coffret.


XIII

L’EXPIATION.


Le coffret d’ébène, ainsi qu’Antonia l’avait appris à son mari, contenait une volumineuse correspondance et de nombreuses notes écrites de la main de sa mère. Joaquin Dick s’arrêta haletant ; la trop grande vivacité de ses émotions paralysait son impatience. Il aurait voulu pouvoir lire d’un seul coup d’œil tous ces papiers, et cependant il n’osait y fixer les yeux : ces caractères jaunis et à moitié