demi-million dont vous me parliez jadis n’était donc pas un conte fait à plaisir ?
— Je ne vous avais parlé d’un demi-million, que pour ne pas passer pour un fou à vos yeux… mais c’étaient deux millions que j’aurais dû mentionner…
— Que ne l’avez-vous fait ! — s’écria John Bell avec l’accent du désespoir ; — vous auriez épousé miss Annette, et nous nous serions associés, vous et moi, pour l’exploitation des mines du Sacramento… Nous étions ainsi tous heureux !
— Oui, tous heureux ! — répéta doucement la jeune et belle Américaine.
Rafael Quirino, pour toute réponse, se mit à siffler entre ses dents un air de fandango mexicain.
Au sortir de table, le Gambusino me prit par le bras, et me proposa d’aller faire un tour de promenade : j’acceptai.
— Que pensez-vous des Américaines ? — me demanda-t-il dès que nous fûmes dans la rue.
— Je pense qu’elles sont filles et sœurs de négociants.
— Votre réponse me plaît, elle est juste. Ne me parlez plus jamais de ma faiblesse, j’en suis honteux.
— Bah ! vous avez obéi à un instinct, voilà tout.
— Et vous ! — me demanda Rafael en souriant, — êtes-vous content de l’emploi de votre journée ?