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précipité au beau milieu de la mêlée et n’avait point tardé à éventrer deux excellents chevaux. Quant aux autres taureaux, ils ne présentaient rien de remarquable.

Quoique les rancheros mexicains soient d’admirables cavaliers, le vide s’était fait, malgré les sifflets et les exhortations de la multitude, autour des deux redoutables animaux. Un cavalier, piqué par ces démonstrations, s’avança enfin pour capotear le taureau sournois, à la robe blanche.

Des bravos furieux éclatèrent autour de l’arène, et les dix mille spectateurs se levèrent spontanément sur la pointe des pieds, comme un seul homme, pour mieux voir le combat. Le cavalier qui venait de se mettre en évidence était, d’après ce que j’entendis dire à mes côtés, un véritable hombre de a caballo, périphrase mexicaine qui peut se traduire sans exagération par un seul mot, celui de centaure. À la vue de ce nouvel ennemi qui voltigeait autour de lui en le provoquant avec son zarape, le taureau commença d’abord par battre lentement en retraite, la tête baissée, les cornes menaçantes, l’œil à moitié fermé. Ce semblant de fuite parut faire réfléchir le cavalier, qui, un instant, tourna presque son cheval pour se retirer ; mais dix mille vociférations, poussées par les spectateurs, le retinrent. L’indécision du ranchero