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Le premier coup d’œil que m’offrit la réunion ne me fit pas regretter d’avoir suivi mon petit officier.

Les gens qui la composaient portaient un cachet de Bohême et offraient un pittoresque de costumes et de tournures, capable de donner à un savant et lourd naturaliste l’idée d’écrire un article de genre.

La pauvreté et les guenilles y vivaient dans la meilleure intelligence avec le luxe, les broderies d’or et les manteaux de velours ; une jeunesse précoce y coudoyait, en égale, la vieillesse blanchie dans le crime ; et le jeu, ce roi absolu et fantasque, courbait sous une même loi tous ces sujets indomptables qui devaient méconnaître si souvent les lois de la société.

Le lieu de la réunion se composait de trois grandes pièces plus longues que larges, dont les plafonds, éloignés à peine de sept à huit pieds du sol, condensaient en un nuage épais la fumée produite par deux ou trois cents cigares ou cigarettes ; l’ameublement consistait en une trentaine de tables serrées les unes contre les autres, qui servaient aux joueurs à poser leurs cartons de loto.

Lorsque nous entrâmes, plusieurs amis et connaissances de mon cicérone le saluèrent amicalement et lui offrirent une place, pour la première, à une table large environ d’un pied et longue de deux, à laquelle il n’y avait que quatre joueurs d’installés.