Page:Dunant - Un souvenir de Solférino, 1862.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meilleurs médecins sont occupés auprès d’eux[1]. Les plus grandes dames milanaises leur témoignent une sollicitude aussi courageuse que durable ; elles veillent au chevet du simple soldat, comme à celui de l’officier, avec la plus inébranlable constance ; Mme  Uboldi de Capei, Mme  Boselli, Mme  Sala, née comtesse Taverna, et beaucoup d’autres nobles dames, oubliant leurs habitudes élégantes et commodes, passent des mois entiers à côté des lits de douleur des malades, dont elles deviennent les anges tutélaires. Tous ces bienfaits sont répandus sans ostentation ; et ces soins, ces consolations, ces attentions de chaque moment, ont bien droit, avec la reconnaissance des familles de ceux qui en ont été les objets, à la respectueuse admiration de chacun. Quelques-unes de ces dames étaient des mères dont les vêtements de deuil révélaient des pertes douloureuses toutes récentes ; rappe-

  1. Les habitants de Milan durent, pour la plupart, et au bout de peu de jours, consigner dans les hôpitaux les soldats malades qu’ils avaient recueillis chez eux, parce qu’on voulait éviter la dissémination des secours à donner et un surcroît de fatigues aux médecins qui ne pouvaient suffire à tant de visites.

    La haute surveillance des hôpitaux de cette ville était confiée au docteur Cuvellier, qui s’acquitta dignement de la tâche difficile dont l’avait chargé le chirurgien en chef de l’armée d’Italie. Ce dernier tut puissamment secondé, après la bataille de Solférino, par M. Faraldo, intendant général de la province de Brescia, dont l’admirable activité, dans ces graves circonstances et les sentiments élevés méritent les plus grands éloges.

    L’armée française, lorsqu’elle partit de Milan vers le milieu de juin pour se diriger sur Brescia, laissait disponibles derrière elle des abris tutélaires pour plus de huit mille blessés.

    Il faut mentionner la bonne organisation de l’armée française au point de vue humanitaire, laquelle était due spécialement à S. E. le maréchal Randon, ministre de la guerre au maréchal Vaillant, major-général de l’armée d’Italie, et au général de Martimprey, aide-major général de l’armée.