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médecin principal de première classe, montra une habileté remarquable comme praticien et comme administrateur ; près de lui, à Brescia, se distingua M. Thierry de Maugras, et toute une phalange de courageux et infatigables chirurgiens français dont on voudrait pouvoir citer tous les noms ; car, certes, si ceux qui tuent peuvent prétendre à des titres de gloire, ceux qui guérissent, et souvent au péril de leur vie, méritent bien l’estime et la reconnaissance. Un chirurgien anglo-américain, le docteur Norman Bettun, professeur d’anatomie à Toronto, dans le Haut-Canada, vint exprès de Strasbourg apporter son concours à ces hommes dévoués. Des étudiants en médecine étaient accourus de Bologne, de Pise, et d’autres villes d’Italie. À côté des habitants de Brescia, quelques Français en passage, des Suisses et des Belges, autorisés par l’Administration, étaient venus aussi offrir spontanément leurs services et visitèrent les hôpitaux, se rendant utiles auprès des malades, et leur donnant de légers adoucissements tels que des oranges, des sorbets, du café, des limonades, du tabac. L’un d’entre eux changea un billet de banque allemand d’un florin à un Croate, qui, depuis un mois, implorait tous ceux qu’il voyait pour obtenir cet échange, sans lequel il ne pouvait faire aucun usage de cette modique valeur composant toute sa fortune. À l’hôpital San Gaetano, un religieux franciscain se distingue par son zèle envers les malades, et un jeune soldat piémontais, convalescent, qui, originaire de Nice, parle français et italien, traduit leurs plaintes ou leurs de-