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fut réellement inopinée, trompés qu’ils étaient sur les mouvements respectifs de leurs adversaires.


Chacun a entendu, ou a pu lire quelque récit de la bataille de Solférino. Ce souvenir si palpitant n’est sans doute effacé pour personne, d’autant plus que les conséquences de cette journée se font encore sentir dans plusieurs des États de l’Europe.

Simple touriste, entièrement étranger à cette grande lutte, j’eus le rare privilége, par un concours de circonstances particulières, de pouvoir assister aux scènes émouvantes que je me suis décidé à retracer. Je ne raconte dans ces pages que mes impressions personnelles : on ne doit donc y chercher ni des détails spéciaux, ni des renseignements stratégiques qui ont leur place dans d’autres ouvrages.


Dans cette mémorable journée du 24 juin, plus de trois cent mille hommes se sont trouvés en présence : la ligne de bataille avait cinq lieues d’étendue, et l’on s’est battu durant plus de quinze heures.

L’armée autrichienne, après avoir soutenu la fatigue d’une marche difficile pendant toute la nuit du 23, eut à supporter, dès l’aube du 24, le choc violent de l’armée alliée, et à souffrir ensuite de la chaleur excessive d’une