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vendeurs soient satisfaits ; et les réquisitions pour l’armée française, telles que fourrages, pommes de terre ou autres denrées ont été partout largement payées aux habitants du pays, qui furent de même généreusement indemnisés des dégâts inévitables causés par la lutte.

Les blessés de l’armée sarde qui ont été transportés à Desenzano, Rivoltella, Lonato et Pozzolengo s’y trouvent dans des conditions moins désavantageuses que ceux de Castiglione : les deux premières de ces villes n’ayant pas été occupées, à peu de jours d’intervalle, par deux armées différentes, on y découvre davantage de vivres, les ambulances y sont bien tenues, les habitants moins troublés et moins effrayés y secondent activement le service de l’infirmerie, et les malades qu’on expédie de là sur Brescia sont établis dans de bonnes charrettes, garnies d’une épaisse couche de foin, où ils sont abrités du soleil par des berceaux de branches feuillées et entrelacées, solidement assujettis aux voitures, et recouverts d’une forte toile tendue encore par-dessus.


Excédé de fatigues, et ne pouvant plus trouver le sommeil, je fais atteler mon cabriolet, dans l’après-midi du 27 et je pars vers six heures pour respirer en plein air la fraîcheur du soir, et afin de prendre un peu de repos en échappant, durant ce temps, aux scènes lugubres dont on est entouré de tous côtés à Castiglione. C’était un jour favorable, aucun mouvement de troupes (comme je l’appris plus tard) n’ayant été ordonné pour le lundi. Le calme