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tout ce qu’ils rencontrent, et foulant les blessés qui supplient qu’on les emmène, et qui, sourds aux observations, se débarrassent de leurs bandages, sortent tout chancelants des églises et s’avancent dans les rues, sans savoir jusqu’où ils pourront aller.


Pendant les journées du 25, du 26 et du 27, que d’agonies et de souffrances ! Les blessures, envenimées par la chaleur et la poussière et par le manque d’eau et de soins, sont devenues plus douloureuses ; des exhalaisons méphitiques vicient l’air, en dépit des louables efforts de l’Intendance pour faire tenir en bon état les locaux transformés en ambulances, et l’insuffisance du nombre des aides, des infirmiers et des servants se fait cruellement sentir, car les convois dirigés sur Castiglione continuent à y verser, de quart-d’heure en quart-d’heure, de nouveaux contingents de blessés. Quelque activité que déploient un chirurgien en chef et deux ou trois personnes qui organisent des transports réguliers sur Brescia, au moyen de charrettes traînées par des bœufs ; quel que soit l’empressement spontané de ceux des habitants de Brescia qui, possédant des voitures, viennent réclamer des malades, et auxquels on confie les officiers, les départs sont bien inférieurs aux arrivées, de sorte que l’entassement ne fait qu’augmenter.

Sur les dalles des hôpitaux ou des églises de Castiglione ont été déposés, côte à côte, des hommes de toutes nations, Français et Arabes, Allemands et Slaves ; provisoirement