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sa bonté et sa sympathie envers l’ennemi vaincu ou prisonnier, qualités qui ont bien certainement autant de prix que son intrépidité et sa bravoure. C’est un fait reconnu que les militaires vraiment distingués sont doux et polis, comme tous les gens réellement supérieurs ; or l’officier français est, d’habitude, non-seulement affable, mais encore chevaleresque et généreux ; il n’a pas cessé de mériter l’éloge qu’en faisait le général de Salm, lorsque, fait prisonnier par les Français à la bataille de Nerwinde, et traité par le maréchal de Luxembourg avec une extrême courtoisie, il disait au chevalier du Rozel : « Quelle nation est la vôtre ! vous vous battez comme des lions, et vous traitez vos ennemis, après les avoir vaincus, comme s’ils étaient vos meilleurs amis ! »


Le service de l’Intendance continue à faire relever les blessés qui, pansés ou non, sont transportés, par des mulets porteurs de litières ou de cacolets, aux ambulances volantes, d’où ils sont dirigés sur les villages et les bourgs les plus rapprochés soit du lieu qui les a vus tomber, soit de l’endroit où ils ont été d’abord recueillis. Dans ces bourgades, églises, couvents, maisons, places publiques, cours, rues, promenades, tout est converti en ambulances provisoires ; Carpenedolo, Castel Goffredo, Médole, Guidizzolo, Volta et toutes les localités environnantes réunissent une quantité considérable de blessés, mais le plus grand nombre est amené à Castiglione, où les moins invalides sont parvenus à se traîner.