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cette véhémente exaltation, il contemple en silence ce théâtre de désolation, de grosses larmes coulent sur ses joues, et ce n’est que sur les instances de ses aides-de-camp qu’il consent à quitter Volta et à partir pour Valeggio.

Dans leur consternation des officiers autrichiens se font tuer de désespoir et de rage, mais non sans vendre chèrement leur vie ; plusieurs se tuent eux-mêmes de chagrin et de colère, ne voulant pas survivre à cette fatale défaite, et la plupart ne rejoignent leurs régiments que tout couverts du sang de leurs blessures ou de celui de l’ennemi. Rendons à leur bravoure l’hommage qu’elle mérite.


L’empereur Napoléon se montra, pendant toute la journée, partout où sa présence pouvait être nécessaire : accompagné du maréchal Vaillant, major-général de l’armée, du général de Martimprey, aide-major-général, du comte Roguet, du comte de Montebello, du général Fleury, du prince de la Moskowa, des colonels Reille, Robert, de toute sa maison militaire et de l’escadron des cent-gardes, il a constamment dirigé la bataille en se portant sur les points où il fallait triompher des obstacles les plus difficiles, sans s’inquiéter du danger qui le menaçait sans cesse ; au mont Fenile, le baron Larrey, son chirurgien, eut un cheval tué sous lui, et plusieurs cent-gardes de l’escorte furent atteints. Il logea à Cavriana dans la maison où le jour même s’était arrêté