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périlleux ou les plus exposés, comme s’ils couraient à une fête. C’est bien là sans doute ce qui constitue, en partie, la supériorité de l’armée française sur les armées des autres grandes nations du monde.


Les troupes de l’empereur François-Joseph se sont repliées : l’armée du comte Wimpffen a reçu, la première, ordre de son chef de commencer la retraite, avant même que le maréchal Canrobert ait déployé toutes ses forces ; et l’armée du comte Schlick, malgré la fermeté du comte Stadion, trop faiblement secondé par les lieutenants-feld-maréchaux Clam-Gallas et Zobel, sauf la division du prince de Hesse, a dû abandonner toutes les positions dont les Autrichiens avaient fait autant de forteresses.

Le ciel s’est obscurci et d’épais nuages couvrent tout à coup l’horizon, le vent se déchaîne avec fureur, et il enlève dans l’espace les branches des arbres qui se brisent ; une pluie froide et chassée par l’ouragan ou plutôt une véritable trombe inonde les combattants déjà exténués de faim et de fatigue, en même temps que des rafales et des tourbillons de poussière aveuglent les soldats, obligés de lutter aussi contre les éléments. Les Autrichiens, battus par la tempête, se rallient néanmoins à la voix de leurs officiers, mais vers cinq heures l’acharnement est suspendu, de part et d’autre, par des torrents de pluie, par la grêle, les éclairs, les tonnerres et par l’obscurité qui envahit le champ de bataille.