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Que de drames, que d’épisodes de tous genres, que de péripéties émouvantes !

Au premier régiment de chasseurs d’Afrique, et à côté du lieutenant-colonel Laurans des Ondes qui tombe soudainement frappé à mort, le sous-lieutenant de Salignac Fénelon, âgé seulement de vingt-deux ans, enfonce un carré autrichien et paie de sa vie ce brillant exploit.

Le colonel de Maleville qui sous le feu terrible de l’ennemi, à la ferme de la Casa Nova, se voit accablé par le nombre, et dont le bataillon n’a plus de munitions, saisit le drapeau du régiment et s’élance en avant en s’écriant : Qui aime son drapeau, me suive ! Ses soldats, quoique exténués de faim et de fatigue, se précipitent à sa suite à la baïonnette : une balle lui brise la jambe, mais malgré de cruelles souffrances il continue à commander en se faisant soutenir sur son cheval.

Près de là, le chef de bataillon Hébert est tué en s’engageant au plus fort du danger pour empêcher la perte d’une aigle ; renversé et foulé aux pieds il trouve encore la force de crier aux siens avant de mourir : Courage, mes enfants !

Au mamelon de la tour de Solférino, le lieutenant Monéglia, des chasseurs à pied de la garde, prend à lui seul six pièces d’artillerie, dont quatre canons attelés et commandés par un colonel autrichien qui lui remet son épée.

Le lieutenant de Guiseul qui porte le drapeau d’un régiment de la ligne, est enveloppé avec son bataillon