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et sur le sommet le colonel d’Auvergne fait flotter son mouchoir au bout de son épée en signe de victoire.

Mais ces succès sont chèrement achetés par les pertes sensibles que font les Alliés. Le général de Ladmirault a l’épaule fracturée par une balle : c’est à peine si cet héroïque blessé consent à se laisser panser dans une ambulance établie dans la chapelle d’un petit hameau, et malgré la gravité de sa blessure, il retourne à pied au combat où il continue à animer ses bataillons, lorsqu’une seconde balle l’atteint à la jambe gauche.

Le général Forey, toujours calme et impassible au milieu des difficultés de sa position, est blessé à la hanche, le caban blanc qu’il porte sur son uniforme est percé de balles, ses aides-de-camp sont frappés à côté de lui ; l’un d’eux, le capitaine de Kervenoël, âgé de vingt-cinq ans, a le crâne emporté par un éclat d’obus.

Au pied du mamelon des Cyprès et comme il portait en avant ses tirailleurs, le général Dieu, renversé de cheval, tombe blessé mortellement ; et le général Douay est aussi blessé non loin de son frère, le colonel Douay, qui est tué. Le général de brigade Auger a le bras gauche fracassé par un boulet, et gagne son grade de général de division sur ce champ de bataille qui lui coûtera la vie.

Les officiers français, toujours en avant, agitant en l’air leur épée et entraînant par leur exemple les soldats qui les suivent, sont décimés à la tête de leurs bataillons où leurs décorations et leurs épaulettes les désignent aux coups des chasseurs tyroliens.