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compagnes, ce qui permit à Miss Nightingale de se rendre à Balaklava pour en inspecter les hôpitaux. On sait tout ce que lui a fait accomplir, durant ce long et sublime sacrifice, son ardent amour pour l’humanité souffrante[1].

Mais dans la multitude infinie de tant d’autres dévouements dont la plupart ont été obscurs ou ignorés, combien sont demeurés plus ou moins stériles, parce qu’ils étaient isolés et qu’ils n’ont pas été soutenus par des sympathies collectives et organisées !


Si une Société internationale de secours eût existé lors de Solférino, et si des infirmiers volontaires s’étaient trouvés à Castiglione le 24, le 25 et le 26 juin, ou à Brescia vers la même époque, comme aussi à Mantoue ou à Vérone, quel bien inappréciable ils eussent pu faire !

Comment supposer qu’une légion d’aides actifs, zélés et courageux auraient été inutiles sur ce champ de destruction, pendant la nuit néfaste du vendredi au samedi, alors que des gémissements et des supplications déchirantes s’échappaient de la poitrine de milliers de blessés, en proie aux douleurs les plus aiguës, et subissant l’inexprimable supplice de la soif !

  1. L’image de Miss Florence Nightingale, parcourant pendant la nuit, une petite lampe à la main, les vastes dortoirs des hôpitaux militaires, et prenant note de l’état de chacun des malades pour leur procurer les adoucissements et les soulagements les plus nécessaires, ne s’effacera jamais du cœur des hommes qui furent les objets ou les témoins de son admirable charité, et la tradition de son héroïque et saint dévouement sera conservée pour toujours dans les annales de l’histoire.