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tions pénibles ? Pourquoi s’être étendu comme avec complaisance sur des tableaux lamentables, et les avoir retracés d’une manière qui peut paraître minutieuse et désespérante ?

À cette question toute naturelle, qu’il nous soit permis de répondre par une autre question :

N’y aurait-il pas moyen, pendant une époque de paix et de tranquillité, de constituer des sociétés de secours dont le but serait de faire donner des soins aux blessés, en temps de guerre, par des volontaires zélés, dévoués et bien qualifiés pour une pareille œuvre ?


Puisqu’il faut renoncer aux vœux et aux espérances des membres de la Société des Amis de la paix, aux rêves de l’abbé de St. Pierre et aux nobles inspirations d’un comte de Sellon ;

Puisque l’on peut répéter avec un grand penseur que « les hommes en sont venus à ce point de s’entretuer sans se haïr, et que le comble de la gloire et le plus beau de tous les arts est de s’exterminer les uns les autres ; »

Puisque l’on est arrivé à déclarer que « la guerre est divine, » comme l’affirme le comte Joseph de Maistre ;

Puisque l’on invente tous les jours de nouveaux et terribles moyens de destruction avec une persévérance digne d’un meilleur but, et que les inventeurs de ces engins meurtriers sont applaudis et encouragés dans la plupart des grands États de l’Europe, où l’on arme à qui mieux mieux ;