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semblent se trouver entièrement d’accord avec les données de la Bible, qui assigne à Ismaël, fils d’Abraham, le pays situé depuis le bassin du Tigre et de l’Euphrate inclusivement jusqu’à l’Égypte.

La Bible consacre le principe des nationalités, et il paraît ressortir clairement de ses déclarations mêmes que les descendants d’Ismaël, comme ceux d’Isaac, doivent en définitive recouvrer leur territoire respectif. Les prophéties de l’avenir dans les Saintes Écritures concordent avec cette idée napoléonienne, et nous montrent ces deux peuples alliés comme deux frères et se protégeant mutuellement.

L’empire arabe aurait le grand avantage d’attirer à lui les populations remuantes et nomades de l’Algérie, et d’établir, tout en laissant dans ce pays les Kabyles et autres Berbers, un courant arabe d’immigration de l’Algérie vers l’Orient, ce qui contribuerait certainement à faire disparaître pour le Gouvernement français une des difficultés du moment.

Au surplus, l’empire arabe pourrait être un des moyens les plus efficaces d’entraver les empiétements perpétuels de la Russie en Asie et en Orient. Sous l’influence des appréhensions que lui inspire cette puissance, la Grande-Bretagne finira évidemment par accéder au nouvel état de choses, car elle ne se dissimule plus la décadence de l’empire des Osmanlis, race qui, d’après le principe des nationalités, semble devoir être refoulée graduellement jusqu’au cœur de l’Asie. D’ailleurs, la grande compagnie orientale étant créée avec le concours des Anglais, l’esprit religieux de la nation britannique se laissera facilement enthousiasmer par l’idée du rétablissement des Juifs en Palestine, idée qui leur est fort sympathique, et tous les peuples chrétiens tressailliront de joie et d’allégresse à la pensée de voir enfin la Terre-Sainte ne plus demeurer la proie des Infidèles.

VII

En France, où les idées généreuses sont toujours sympathiques, de pareils projets ne peuvent manquer de devenir promptement très-populaires.

Non moins que la guerre, cette noble entreprise pourrait servir de dérivatif efficace à une jeunesse ardente et aux esprits aventureux.

Le clergé se montrera jaloux de s’y associer, et prêtera sans doute son influence à sa réalisation.

Les anciens partis, et ceux mêmes qui se disent encore les fils des Croisés, saisiront avec ardeur l’occasion de se rallier à une grande cause nationale pour quitter dignement un isolement et une inaction dont ils doivent être fatigués.