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— Avec moi ?

Sosthène ne comprenait pas.

— Oui ! avec vous, que voulez-vous m’entendre dire ? Vous êtes un homme et cela comporte des reliefs que vous m’avez imprimés dessus, comme si vous vouliez m’en faire garder l’empreinte. C’est de trop.

Agacette riait, ce disant, avec un regard en coulisse et des airs amusés qui démentaient son indignation.

Sosthène rougit.

— Vous avez une façon de tout dire…

— Vous aimeriez mieux me l’entendre taire ? C’est comme la fameuse légende d’un dessin militaire : J’en entends un qui ne compte pas…

— Agacette, venez boire un verre dans le petit coin, là-bas où l’on n’est pas vu.

— Bon ! Ce soir pas de Martini. Je veux un Manattan.

— Vous êtes capricieuse.

— Pas du tout. Ah ! on est bien dans ces fauteuils anglais. On se sent prise de partout.

— Ça serait pareil si vous vouliez m’épouser.

— Ah ! on y revient. Eh bien, mon cher, je ne dis pas non. Mais faites-vous aimer.

— Vous m’avez dit que vous m’adoriez.

— Je vous adore, mais pas comme époux, comme joueur de tennis, copain pour plonger du haut du toboggan, camarade pour prendre des glasses dans les mastroquets.

— C’est tout ?

— C’est énorme. Je crois même que c’est le commencement de l’amour. Allons, faites un petit effort pour vous faire aimer tout à fait.

Un silence.

— Ah non, pas comme ça ! fait Agacette, qui pousse un petit cri et repousse la main envahissante de Sosthène.