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— Vous trouvez. Moi je trouve qu’on est épatant.

— Vous vous contentez de peu.

— Que voulez-vous. Il ne faut pas trop demander à la vie. Je crois que c’est un bon moyen de ne pas avoir de déboires.

— Que de sagesse !

— Hé oui ! Alors on va prendre un autre apéro. J’ai soif.

— Courons ! Mais pas au bar. Au dancing.

— Ça va. On en guinchera une petite.

— C’est vous qui parlez maintenant l’argot du milieu.

— Mais oui. Je suis un peu affranchie.

— Vous me faites peur, Agacette.

— Ça vous la coupe ? Il ne faut pas grand’chose…

Ils étaient arrivés au Casino et on entendait le jazz occupé à faire pâmer les couples enlacés.

— Mon cher, fit Agacette, j’aime cette musique.

— Un peu brutale et sans nuances.

— Il ne faut pas trop demander. J’aime ça. Allons, venez pour un petit tango.

Ils s’enlacèrent et continuèrent à converser.

— Agacette, vous êtes merveilleusement faite.

— Vous voulez l’adresse des fabricants ?

— Je ne ris pas. Vous êtes pareille à une statue.

— Il y en a de bien moches.

— Oui, mais celles qui vous ressemblent sont belles.

— Oh !… fit la jeune fille en riant, ne me serrez pas comme ça.

— Je vous ai fait mal ?

— Pas du tout, mais enfin…

— Dites quoi ?

— Les mots sont rares pour exprimer la chose. Quoi, vous m’avez mis en contact avec vous-même de façon bien étroite.