Page:Dunan - les jeux libertins, 1929.djvu/4

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 2 —

Duflan en train de prendre l’apéro au bar de la Pie-Grièche.

Cela se passe dans une station dite balnéaire, où l’on est heureux de voir des maillots féminins bien remplis, où le triomphe d’une joueuse de tennis est plus important que la chute d’un ministère, où savoir nager le crawl avec vigueur donne plus de renom que si l’on avait écrit la Comédie Humaine.

Une station balnéaire, pour tout dire, qui se nommait Pignarou-les-Bains…

Agacette était donc en train de boire l’apéritif. C’est une chose agréable et qui, jusqu’à ce que le pays devienne « sec », chose encore lointaine, sera estimée et propre à divertir sans nul danger pénal.

Agacette buvait un Martini. Non pas de ce vermouth fasciste, qui, d’ailleurs, est gastronomiquement assez estimable, mais un cocktail riche en gin, et qui vous gratte le gosier comme une rape à fromage.

Et Agacette souriait de toutes ses dents, qui étaient belles et rangées selon la tradition.

— Dites donc, Agacette, fit son voisin, avec lequel elle avait précédemment triomphé dans un double mixte, par six sets à trois. Dites donc, vous ne trouvez pas qu’il fait un temps à se marier.

— Ho ! répondit la jeune fille, c’est bien possible, mais je ne vois pas nettement en quoi.

— C’est une intuition, riposta l’autre. Ça ne vous tente donc pas ?

— Pour l’instant, moins que de prendre un autre Martini.

— Mais c’est très dangereux d’en abuser vous savez ?

— Pas tant que de s’adjoindre un époux, mon cher.

— Alors vous voulez rester vieille fille.

— Jusqu’à la semaine prochaine sûr ! Mais pas tant que Napoléon sera mort…