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— Je croyais que c'était un moyen…

— Il est mauvais. C'était bon du temps des crinolines et des vertugadins, ces jeux-là. On avait des choses à retrousser pour passer la main…

Elle montra ses jambes nues jusqu’au delà du genou.

— Mais aujourd’hui que toute la besogne de troussage est déjà faite, vous êtes un de ces types qui partiraient pour attraper un papillon avec une mitrailleuse.

— Alors, comme ça.

Il l'avait embrassée fortement, imprimant, sur les lèvres gracieuses et fardées un baiser pénétrant et passionné, Agacette eut un rire léger et ses yeux se colorèrent ainsi que ses pommettes.

— C'est déjà mieux…

Le jeune homme la regarda amoureusement.

— Ah ! Agacette si nous étions ailleurs…

— Allons-y, si vous voulez.

— Vous voulez que nous nous promenions un instant près des rochers ? :

— Pourquoi non ?

— Sortons donc. Il n’y avait pas assez de glace dans ces cocktails, n’est-ce pas. Et tiède, c'est mauvais.

— Le mien était bon. Il était parfumé…

Elle riait.

— Parfumé à quoi ?

— Parfumé à votre baiser.

Voici la falaise où les deux amoureux continuent de progresser doucement en conversant.

Bientôt ils deviennent invisibles. Au-dessus d'eux, les roches montent à pic et, tout autour, c’est un entassement où nul ne saurait les épier.

— Agacette, je vous aime !

— Vous me l’avez déjà dit, mon cher.

— Je vous désire.