Page:Dunan - Les Pâmoisons de Margot, 1932.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 43 —

XII

Tout de même

Oui, Margot sentait venir le moment où elle atteindrait cette joie qui la fuyait depuis le matin, et qui, toute la nuit, l’avait hantée.

Elle était enfin proche.

Encore une demi-minute et elle entrerait dans le délicieux paradis.

Un paradis terrestre qui ne réclame pas de disparition, mais seulement la petite mort…

Quand, une fois de plus, la porte, c’était pourtant une nouvelle porte, et qui ne semblait pas ensorcelée comme celle du fabricant d’oranges, la porte donc s’ouvrit…

Et une femme entra.

Elle regarda le spectacle qui s’offrait à son regard soudain irrité, puis poussa un hurlement à glacer le cœur d’un tigre affamé.

— Misérables !…

Elle réitéra, soucieuse de se tenir dans la bonne tradition des paroles d’amoureuses trompées :

— Misérables !

Puis elle ajouta, ayant lu des pièces de théâtre romantiques :

— Je vous y prends enfin.

— Tais-toi, et fiche-nous le camp ! dit le jeune financier que cette intervention d’une maîtresse, mal attendue, surprenait, mais ne suffisait pas à décontenancer.